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En tant que thérapeute, j’utilise le Rêve Éveillé Libre pour aider mes patients. C’est une méthode étonnante qui s’appuie sur notre imaginaire. Elle permet à ceux qui souhaitent traiter leurs souffrances et mieux se connaître, d’emprunter un chemin différent pour rencontrer les parts d’eux même qui ne se laissent pas facilement regarder. Son efficacité repose en grande partie sur sa particularité de ne pas laisser au mental la place royale que nous lui octroyons habituellement. La thérapie s’adresse aux enfants dès l’âge de 6 ans, aux ados en quête de confiance, aux adultes blessés par la vie ainsi qu’à nos aïeux qui souhaitent quitter le monde en paix avec eux même. Elle s’adresse à tous car elle utilise le savoir-faire le mieux partagé par l’être humain, celui de rêver.  J’ai moi-même expérimenté cette thérapie sur une trentaine de séances et je continue à « rêver » lorsque j’en éprouve le besoin.

J’aimerais partager avec vous une autre facette du REL. En tant que peintre, je connais depuis mon enfance les élans qui m’ont très souvent poussé à dessiner, peindre, sculpter, chanter, bricoler… Toutes ces pulsions créatrices répondent à des besoins profonds. Souvent celui de se dire ! Parfois celui de chercher des réponses à l’intérieur de soi. Lorsque ce processus arrive, il met en route un flux d’énergie très vivant qui part parfois de l’extérieur de soi (un magnifique paysage qui devient une source puissante d’inspiration). Cette stimulation merveilleuse chemine à l’intérieur pour se transformer. Nous la digérons, elle se condense avec d’autres images, des souvenirs, des musiques entendues, des émotions. Suit enfin le besoin de montrer toute cette énergie qui crie son envie d’être vue, d’être exprimée. Parfois l’image est très claire, très vivante et déjà présente dans l’esprit comme une photo qui ne serait pas encore développée. Parfois cette ardeur créatrice veut sortir et pousse à prendre les crayons sans que l’on sache très bien ce qui va naître. Tout cela est le processus de création.

Dans mon expérience de rêveur éveillé, j’ai découvert une nouvelle source d’images. Mes premiers rêves ont été, en grande partie pour cette raison, un véritable émerveillement. Jusqu’à présent, dans mon activité artistique, les images nouvelles venaient soit de l’extérieur ; paysages, œuvres d’art, objets divers, soit de souvenirs, et mon imagination combinait un peu tout ça dans une cuisine que je ne saurais pas vraiment décrire. Cette fois, un peu comme dans nos rêves nocturnes, mais avec une conscience très présente, des images et des histoires complètes se formaient en moi d’une manière spontanée et surprenante. J’avais l’impression d’être au cinéma comme spectateur – projectionniste, découvrant au fur et à mesure une histoire dans laquelle j’avais le rôle principal. Chacun de mes rêves a été spécial et différent des autres. Certains, beaucoup plus marquants que les autres. Car la particularité de ce cinéma, est de vous emporter dans des situations parfois incroyables, chargées de sensations physiques comme le vertige, le froid, la chaleur, mais aussi de bouffées d’émotions très profondes. J’ai souvent pleuré pendant mes rêves, de tristesse, de regrets, d’amour, de joie.

Un rêve m’a particulièrement marqué. Je cheminais depuis longtemps et je suis arrivé près d’un grand paon blanc. Il a fallu que je monte sur les plumes de sa queue, puis sur son dos. Je sentais sous mes pieds, la chaleur de son corps et la texture particulière de son plumage. Je vous donne la fin du texte original tel que je l’ai dit pendant le rêve : « …Je monte, je monte, et je m’aperçois que je suis sur son dos. Il y a des plumes nacrées comme des écailles blanches et douces, j’avance sur son dos et je sens sous mes pieds que je suis sur un corps vivant et chaud. Je distingue sa tête splendide et fière. Il a plutôt la tête d’un paon blanc avec une aigrette de petites plumes qui se terminent par des boules blanches. Il a une couronne magnifique. Son œil est parfaitement noir alors que tout le reste est très blanc, il est fantastique. Je suis petit sur son dos et il me regarde avancer en direction de sa tête. Je m’approche de plus en plus de son œil fascinant, au point où je distingue la paupière grise qui en fait le tour. Je m’approche toujours et son œil devient de plus en plus grand. Je suis tout près de cette immense sphère brillante et profonde. Je suis juste au coin de sa paupière et j’ai envie de rentrer dans ce creux entre l’œil et la paupière. Je m’y faufile et je passe derrière son œil géant. Je suis derrière ce globe immense et transparent à travers lequel je peux voir, fasciné, le ciel de la nuit étoilée. »

Cette image est longtemps restée vivante dans mon esprit, au point où j’ai eu besoin un jour d’en faire une aquarelle. Cette expérience m’a donné la conviction que les rêves ouvrent une porte sur notre âme, que ces images que nous recevons sont le reflet de sa vibration vivante et subtile. Je pense que ce sont les images les plus représentatives de ce que nous sommes profondément. D’aucuns pensent que c’est notre imaginaire qui les produit, moi, je ne sais pas ! Ce dont je suis certain par contre, c’est la nécessité pour l’être humain de rester à l’écoute de cette part sensible et étonnante de notre être. Cette poésie secrète et unique de chacun d’entre nous qui tente d’équilibrer nos vies dirigées par la rentabilité.

L’art est d’une indispensable inutilité.