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[et_pb_section fb_built=”1″ admin_label=”section” _builder_version=”3.22″ global_colors_info=”{}”][et_pb_row admin_label=”row” _builder_version=”3.25″ background_size=”initial” background_position=”top_left” background_repeat=”repeat” global_colors_info=”{}”][et_pb_column type=”4_4″ _builder_version=”3.25″ custom_padding=”|||” global_colors_info=”{}” custom_padding__hover=”|||”][et_pb_text admin_label=”Text” _builder_version=”3.27.4″ background_size=”initial” background_position=”top_left” background_repeat=”repeat” global_colors_info=”{}”]Extrait d’un article de Georges Romey – paru dans Spasmagazine sous le titre Hanna, la petite fille qui ne souriait plus…
Ce qui nous trouble, face à l’enfant, c’est qu’il ne sait pas qu’il sait déjà tout !

Le mois de juin s’achevait. Avec l’été, allait s’ouvrir le temps des vacances. Les fleurs s‘épanouissaient sous les soleils quotidiens et les cris des enfants joyeux emplissaient l’air… Hanna, depuis plusieurs semaines, restait à l’écart des jeux. Le visage de la petite fille trahissait une tristesse qui ne lui était pas habituelle et dont son professeur tenta de comprendre la nature. Les interrogations prudentes de l’enseignante lui permirent seulement de déceler la profondeur et l’intensité de ce qui lui apparut comme des « idées noires » . En fait, de lourdes angoisses pesaient sur l’âme de cette enfant de neuf ans, sans qu’aucun indice ne permît d’en identifier la cause. Alarmée, la jeune femme estima devoir informer la maman d’Hanna de ses observations.

Un an plus tôt, le père de la petite fille, dirigeant d’une entreprise plutôt prospère, avait connu les souffrances d’un sérieux épisode dépressif. Au fil d’une cure de « Rêve éveillé libre » que j’eus l’avantage d’accompagner, cet homme de trente huit ans avait non seulement élucidé rapidement les origines de son malaise mais aussi, comme il est fréquent, découvert la richesse des potentialités dont il était porteur. Devant le succès de cette démarche thérapeutique, la maman d’Hanna avait choisi d’entreprendre à son tour une cure de rêve. Les alertes de l’enseignante concernant l’état psychologique d’Hanna intervinrent dans un moment où le couple, animé d’élans nouveaux, mettait en œuvre d’importants projets et se préparait à l’accueil d’un troisième enfant.

Vivement préoccupés par l’état psychologique de leur fille, enthousiasmés aussi par les résultats de leur propre démarche thérapeutique, les parents me demandèrent si la même méthode conviendrait à leur enfant. Hanna avait laissé deviner qu’elle était depuis peu hantée par la crainte de la mort, cette crainte étant surtout projetée sur les membres de sa famille. Je dois à la vérité d’avouer que je suis moins à l’aise dans le dialogue avec les enfants que dans mes rapports avec des adolescents ou des adultes. Cependant, la sympathie que j’éprouvais pour le couple me commanda d’accepter. C’est ce que je fis en exprimant des réserves relatives à la faiblesse de mon expérience concernant les jeunes enfants. Le groupe de ceux que j’avais eu l’opportunité d’accompagner ne dépassait pas la dizaine. En dépit du fait que chacune de ces démarches avaient apporté des résultats rapides et positifs, je n’étais pas encore certain que la méthode du Rêve éveillé libre pouvait convenir dans le cas d’aussi jeunes patients. J’avais tort ! l’étude approfondie d’un nombre significatif de cures m’a depuis convaincu que l’imaginaire de l’enfant fonctionne exactement comme celui des adultes placés dans la situation du rêve éveillé ! Le premier scénario produit par Hanna est l’un de ceux qui permettent d’étayer cette affirmation. Je présente le rêve dans son intégralité, en respectant les changements de temps tels qu’ils furent exprimés par la petite fille :

10h44 – « Je vois une fenêtre… elle est ouverte et je suis juste à coté… j’ai envie de sauter… je saute, j’arrive sur une route… je traverse la route… de l’autre coté il y a plein d’animaux, plein d’arbres… c’est une grande forêt avec plein d’animaux : des girafes, des lions, des centaures, des dinosaures, une licorne aussi… je vois un cheval ailé, je monte dessus, il m’amène très haut dans le ciel et, après, il me laisse tomber… je tombe sur la route et je reviens chez moi…

La maison n’était plus blanche, elle était bleue… je grimpai sur les murs pour arriver à la fenêtre d’où j’ai sauté… ma mère n’était plus comme avant ! Elle était devenue un serpent et mon père un lion… mais ils me parlaient humain… ma mère me disait des choses dangereuses : « fais attention aux hommes » et mon père était rassurant : « les hommes sont loin d’ici »… ils me voyaient comme un animal…

Je descendais un escalier qui ne finissait jamais ! Il allait jusqu’à l’infini… et je vois une porte, je l’ouvre et je vois des bêtes bizarres… je fermais cette porte, je remonte les escaliers… j’ouvre une autre porte vers ma maison, j’ai couru vers la maison… la maison était devenue gigantesque et moi minuscule… et je passai sous la porte… je grimpais les escaliers… les escaliers s’arrêtaient, je regardais en bas… toutes les voitures étaient minuscules tellement la maison était haute et j’avais peur ! J’avais le vertige et je tombai mais je n’ai pas eu mal…

Tout à coup, tout tournait dans mon cerveau et je revis ma vraie maison, je revis ma vraie mère, mon vrai père et j’arrivai à la fenêtre d’où j’avais sauté ! » 10h53 –

En ouvrant les yeux, Hanna dit spontanément : « oh ! Je suis soulagée ! » L’enfant rayonnait d’un sourire que je qualifierai de « profond »… Nous fîmes une seconde séance la semaine suivante et nous décidâmes, d’un commun accord, qu’il n’était pas utile de poursuivre la démarche, Hanna ayant retrouvé sérénité et joie de vivre ! Plus l’enfant est jeune, en fait, et plus les effets de la cure sont rapides, la psychologie n’étant pas encore encombrée par les réseaux de fausses justifications du mental.

La séquence dans laquelle la petite fille entend sa mère lui dire, sous la forme d’un serpent, « des choses dangereuses », exprime les conséquences d’un incident récent. Quelques semaines plutôt, un exhibitionniste avait été arrêté en flagrant délit, à quelques centaines de mètres du domicile de la famille. L’événement avait suscité un émoi d’autant plus grand que la cible du pervers était l’amie d’Hanna. La maman de la petite fille agressée, choquée, avait fait part de son émotion à la mère d’Hanna, en présence de celle-ci. D’où des mises en garde amplifiées concernant la prudence à observer vis à vis des hommes. Ces mises en garde relatives aux « choses dangereuses » avaient amorcée une fantasmatique qui n’aurait pas manqué de laisser des traces dans la dispositif neuronal d’Hanna. Son père, devant le désarroi d’Hanna, avait exprimé des « choses rassurantes » – On sait, depuis Freud, que ces inscriptions fantasmatiques ont le même impact que des faits réels dans la psyché où elles s’installent. Dans le cas présent, la dynamique de l’imaginaire a permis l’évacuation de ces traces avant qu’elles ne deviennent définitives.

En fait, l’angoisse que beaucoup de personnes ressentent s’alimente le plus souvent à la même source. Nul n’a reçu de réponse satisfaisante aux questions que tout enfant se pose concernant l’origine et le sens de la vie, le devenir post-mortem et le caractère imprévisible du destin. Refoulées, ces interrogations engendrent l’angoisse existentielle, poison permanent duquel le mental s’efforce vainement d’élucider l;a cause. Cette angoisse métaphysique est réactivée chaque fois que la personne se trouve brutalement confrontée aux arrêts du destin, comme le décès d’un proche ou un accident grave. C’est ce qui s’était passé pour Hanna dont le frère avait dû subir, quelque mois plus tôt, une opération chirurgicale lourde. Et c’est ici qu’apparaît, dans toute son évidence, la connaissance innée ou tout au moins précoce concernant les valeurs symboliques ! Hanna exprime spontanément son angoisse existentielle par la même image, très spécifique, que la dynamique de l’imaginaire inspire aux adultes : l’escalier sans fin, dressé dans le ciel ou descendant « jusqu’à l’infini » ! Dans le cas d’Hanna, le seul fait d’exprimer cette image eu un effet résolutoire immédiat.

Un autre fait vient démontrer l’identité de fonctionnement entre l’imaginaire de l’adulte et celui de l’enfant : dans huit scénarios de rêve éveillé sur dix, on observe une correspondance entre la première image du rêve et celle qui le termine. Ce que j’ai appelé les « scénarios en boucle » témoigne en fait d’un cheminement particulier de l’influx nerveux dans le dispositif neuronal. Hanna commence son rêve par les mots : « je vois une fenêtre » et le termine par la phrase : « j’arrive à la fenêtre d’où j’avais sauté ! »

Oui, l’enfant porte en lui, à son insu, l’immense champ des connaissances symboliques inconscientes que découvre l’adulte étonné dans la situation du rêve éveillé ! Cela fournit une réponse positive et rassurante à l’interrogation : « peut-on proposer cette méthode aux enfants ? » Cela justifie aussi mon affirmation initiale : « ce qui nous trouble, face à l’enfant, c’est qu’il ne sait pas qu’il sait déjà tout ! »[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section]